Trinidad et Tobago : la nature intacte

Début mars : Glazik est sur ber pendant une semaine.

Carénage, polish de la coque, réparations diverses, nous campons à deux mètres cinquante au-dessus du sol.
Heureusement, Tomadji carène aussi et nos amis d'Achnoc sont au ponton.

Les enfants font l'école en bas du restaurant, avec vue sur mer, car il faut trop chaud dans le bateau.

Les journées s'écoulent paisiblement entre la balançoire à l'aire de jeux du chantier, les DVD sur Achnoc, les montages vidéos pour le capitaine (électricité à volonté, il faut en profiter) et les barbecues le soir avec les amis.

Curieuse impression de dormir dans un bateau immobile!

Au bout d’une semaine, nous retournons enfin sur l'eau avec un Glazik propre et brillant comme un sou neuf et partons à la marina voisine où les enfants se régalent dans la petite piscine, avec ceux des bateaux « Obélix » et « Samos ».

Nous décidons de partir regarder les tortues­luth pondre sur la plage de Grande Rivière, à 3 heures de route de là.

En effet, la saison commence tout juste et nous avons une chance non négligeable, en patientant sur la plage, d'en voir une ou plusieurs.

Ces tortues sont aujourd’hui en voie de disparition et font de très longs voyages pour aller pondre sur la plage de leur naissance, dès leur trentième année (voir articles de Corentin et de Tristan).

Coup de chance cette nuit-là : notre patience sera récompensée, deux tortues arriveront sur la plage après 3 heures du matin. Un peu fatiguant, mais vraiment unique et mémorable.

Le lendemain, nous allons admirer la réserve d'oiseaux de Caroni et assistons à un ballet d'ibis rouges, de merveilleux oiseaux rouges vermillon qui vont par groupes de 10 à 50 ou plus, au soleil couchant, sur une petite île au milieu de la mangrove, pour passer la nuit.

Tous les soirs c'est le même festival de couleurs vives (voir article de Corentin).

Le soir, nous partons en navigation de nuit avec Tomadji et Lou Virus, pour Tobago, seule île des Caraïbes avec Trinidad à avoir été reliée il y a bien longtemps au continent sud-américain.

Il y a seulement 55 milles, mais la mer est formée, il y a deux noeuds de courants contraires ainsi que le vent de face...
Le bateau gîte à pratiquement 25 degrés, le capitaine est heureux (le près serré est son allure favorite) et nous parcourons finalement au compteur, en tirant des bords, 100 milles.

Nous arrivons pas très frais mais contents de ce mouillage plein de pélicans et de mouettes... Ici comme à Trinidad, c'est surtout la nature luxuriante et la faune qui font le principal attrait de l'île qui a par ailleurs de jolies plages bordées de cocotiers.

Nous arrivons à Charlotteville, petit bourg paisible où le temps s'écoule doucement au rythme des retours de pêche. C'est aussi un bijou de mouillage, dans une baie bien protégée avec des collines verdoyantes donnant sur des plages dorées.

Le matin, nous sommes réveillés par les cris des oiseaux : perroquets, cocricos - l'oiseau de Tobago, ainsi appelé à cause de son cri aisément reconnaissable.

Une petite promenade dans les collines qui surplombent la plage nous impressionne : ici, il n'y a pas un seul arbre qui ne produise rien. Pamplemoussiers, mandariniers, bananiers, goyaviers, manguiers, cacaoiers, tout ceci dans un parfait désordre sauvage.

Un joli spectacle de liesse végétale et une belle occasion de remplir la corbeille de fruits du bord.

Les capitaines vont tous les midis chasser le poisson, nous en profitons car dans nos escales du nord, la ciguatera rend la pêche corallienne non comestible car dangereuse.

Belle étape un peu à l'écart des sentiers battus, Trinidad et Tobago nous auront marqués par leur faune et flore originale et exubérante, sans oublier bien sûr le carnaval ce qui, combiné à la gentillesse des gens et la proximité des bateaux amis, restera l'une de nos meilleures escales.

 
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