Collision entre Gibraltar et les Baléares

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Dimanche 11 juillet :

toujours en direction d’Ibiza : pas un souffle de vent, nous enfilons 24 heures de moteur non stop. Bienvenue en Méditerranée !

Ronan en profite pour faire des montages vidéo (12 volts à volonté!), je lis, les enfants dessinent. « Imagine » en contact VHF.

13 juillet :

nous sommes dans une zone infernale pour l’adrénaline des plaisanciers; c’est ici que notre ami « C’est la vie » a dérivé toute une nuit avant de se faire récupérer par un cargo, après avoir emmêlé son hélice dans un filet. Les obstacles sont multiples : filets dérivants, casiers, très nombreux bateaux de pêche et toujours le passage au large des cargos et pétroliers filant sur "Gib".

A 3 heures du matin, Ronan finit par me laisser le quart et tout d’un coup, après toutes ces lumières partout, plus rien. Nous sommes au près serré par 10 nœuds de vent, le génois bordé bordé occulte la visibilité. A 6 heures, je regarde derrière le génois à bâbord puis à tribord et rentre à la table à cartes pour faire le point.

Grave erreur : une minute après, j’entends un curieux bruit de moteur; pas le temps de remonter : BOUM! Collision avec un chalutier. C'est l’avant qui a pris, il nous a tangentés… Nous affalons en catastrophe le génois au cas où. A première vue, pas de voie d’eau mais l’avant est bien amoché : plus de balcon avant, baille à mouillage emboutie, ancre delta pliée en deux, petit trou dans le gel coat. Finies les vacances sous voile! Quant au chalutier, il a vite filé sans demander son reste… ni même vérifié si le bateau tenait toujours sur l’eau !

Je ne suis pas fière de moi. Après analyse, le chalutier arrivait pile dans l’axe de l’étai et se situait dans l’angle mort, raison pour laquelle je ne l’ai pas vu. Bien sûr, j’aurais dû le voir et même s’il était en tort car pas en pêche, Glazik est mal en point; signe de gravité, le capitaine réagit plutôt stoïquement compte tenu des circonstances…

La mort dans l’âme, nous repartons au moteur vers le premier abri : Torrevieja, à une trentaine de milles au sud d’Alicante. Une superbe usine à soleil comme je les appelle, comme seule cette région sait les faire.

Nous avons la chance d’être voisins de ponton d’un bateau français, Marie Galante, dont le capitaine a travaillé de nombreuses années dans les chantiers d’Hyères. Son verdict : de la casse, mais on peut continuer au moteur sans problème. Nous annulons la Corse, trop excentrée de notre route mais maintenons les Baléares qui sont sur la route directe de notre destination finale.

Le cœur plus léger, nous quittons l’usine à soleil au profit du bon air du large, pour une navigation de nuit vers Ibiza où nous retrouverons demain les Mariaud.

Au petit matin, l’odeur de la pinède nous envahit : on se croirait au Cap Bénat !

 
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